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3 Octobre 2010

Diplomatie de la paix

 
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Interview à Mario Giro de la Communauté de Sant'Egidio

Souvent, on entend que la communauté catholique Sant'Egidio serait « la diplomatie parallèle du Vatican », et vous, un ministre officieux des affaires étrangères…
Les médias font cette comparaison mais ça n'a jamais été le cas. Association de laïcs issue de la société civile, Sant'Egidio est certes une organisation internationale reconnue par le Saint-Siège. Mais nous sommes nés à Rome en 1968 hors de l'Église institutionnelle, au point qu'on nous prenait au début pour des protestants qui lisaient la Bible sans prêtres. En fait, nous voulions juste prendre l'Évangile au sérieux, essayer de le vivre et laisser venir les idées. Aujourd'hui, notre communauté assume de manière autonome le travail qu'elle fait et les initiatives qu'elle prend.
Autonome, oui. Mais votre forum, dont la 24e édition s'ouvre à Barcelone, est né dans la foulée du sommet interreligieux d'Assise de 1986 voulu par Jean-Paul II…
Tout à fait. Jean-Paul avait prévu bien avant la fin de la guerre froide le rôle que pouvaient jouer les religions. Il a donné l'impulsion. Lorsque nous avons proposé d'organiser tous les ans une rencontre interreligieuse dans « l'esprit d'Assise », à savoir un dialogue des religions sur les problèmes internationaux, la guerre et la paix, le pape nous a soutenus. Notre relation avec Jean-Paul était filiale, il voulait laisser les portes s'ouvrir, c'était sa manière de mettre en œuvre le Concile.
Vos relations avec le pape actuel seraient-elles moins bonnes?
Non. Elles sont aussi très chaleureuses. Une institution a besoin de la flexibilité d'un groupe non institutionnel pour trouver des synergies. Cette semaine, Benoît XVI a reçu notre fondateur, Andrea Riccardi, comme avant chaque rassemblement interreligieux. Il est venu personnellement à l'édition de Naples, s'est adressé aux chefs religieux, les a rencontrés. Il suit de près nos activités en Afrique et lors de son voyage apostolique sur le continent, il a voulu rencontrer Sant'Egidio au Cameroun et voir ce qu'elle fait en matière de lutte contre le sida.
Est-ce à Assise que Sant'Egidio a pris les chemins de la diplomatie?
Non. Notre aventure a commencé par les groupes de prière et l'action sociale. La médiation diplomatique est venue du service des pauvres et du contact avec les immigrants : nous nous sommes rendu compte qu'il fallait nous préoccuper de la situation des pays en guerre parce que la guerre est la mère de la pauvreté, pas l'inverse. Cet été, Sant'Egidio a signé un accord de coopération avec l'Union africaine (UA) sur un continent où vous faites des médiations depuis 1977.
C'est une consécration ?
Disons que cet accord couronne et officialise notre coopération sur un continent où Sant'Egidio est implanté dans presque 30 pays où elle fonde chaque fois une « école de la paix » pour les enfants et mène des services dans les prisons, pour les malades, les personnes âgées et abandonnées. Depuis la création de l'UA, nous sommes invités en observateurs à ses sommets. Et ce travail commun, exemple de notre vocation, à déjà donné de bons fruits.
Vous pensez à la Guinée, qui vit sa première élection présidentielle depuis la dictature de Sékou Touré, et pour laquelle vous avez œuvré?
Oui. Nous accueillons à Barcelone la présidente du Conseil national de transition (CNT), Rabiatou Serah Diallo, une femme syndicaliste. Nous avons bon espoir que le second tour de l'élection se déroule autour du 10 octobre. Nous avons beaucoup travaillé dans ce pays où Sant'Egidio est installée depuis des années et compte 1 500 membres. Mais le résultat est le produit des efforts conjugués du président par intérim, du CNT, du président burkinabé Blaise Compaoré et des nôtres. En matière de transition et de sortie de crise, la clé pour trouver les synergies est la capacité à travailler ensemble. C'est très difficile dans ce monde où il y beaucoup de trop de compétitivité. Il y faut beaucoup de patience et d'humilité. En Guinée, la tenue du second tour ne réglera pas tout et il va nous falloir poursuivre le travail de réconciliation.
Guatemala, Mozambique, Liban, Algérie, Madagascar : Sant'Egidio a joué et joue un rôle dans les négociations de paix, souvent avec succès, mais pas toujours. Comment procédez-vous?
Notre méthode repose sur des discussions lentes, sans dates butoirs ni crainte d'échouer, mais en allant au bout des contentieux en tenant compte de la réalité du terrain. Nos médiations naissent toujours d'une rencontre: celle de l'évêque de Beira au Mozambique, celle d'Ibrahim Rugova au Kosovo. Faire se rencontrer les protagonistes, trouver le terrain commun, transposer le conflit du terrain militaire à celui de la politique, miser sur la transformation de l'homme, voilà les clés.
Au Soudan, une partie capitale se joue à l'approche du référendum d'autodétermination au Sud. Quel rôle jouez-vous?
Nous essayons de faciliter le dialogue à l'intérieur même du Sud-Soudan car il y a un risque de fracture. Toutes les parties ont accepté la tenue d'un référendum et il va vraisemblablement donner naissance à un nouvel État. Mais il va falloir tout faire pour que cet État, s'il existe, soit viable, qu'il ne soit pas dès le départ un État failli.
Vous accueillez bientôt à Rome une forte délégation de Niamey…
Oui, car il faut faire au Niger le même travail qu'en Guinée. Nous appuyons le Conseil consultatif national pour faciliter la transition et aider à la réconciliation nationale.
Sera-t-il question de l'affaire des otages d'Arlit?
Arlit est une autre question. Nous, nous travaillons pour que le Niger soit capable de contrôler son territoire et soit un État stable dans une région qui ne l'est pas.
Sant'Egidio a travaillé en Colombie. Est-ce encore le cas à l'heure où Ingrid Betancourt publie ses Mémoires de captivité?
La communauté, qui avait fait des pas en vue de sa libération, s'intéresse toujours à ce pays. Nous sommes en attente: il y a des tentatives nationales de médiation. Et le nombre d'otages aux mains des Farc a bien diminué.
La lutte contre le sida figure parmi vos activités. Quels en sont les résultats?
Ils sont encourageants. Notre programme «Dream» dans dix pays permet d'avoir 100 000 malades sous traitements antirétroviraux et 1 million de personnes suivies. Parmi elles, 10 000 enfants sains nés de mères infectées. Plus largement, la lutte antisida rencontre des succès et c'est une bonne nouvelle au regard des Objectifs du millénaire.
Vous êtes optimiste?
Oui, mais dans la clairvoyance, pas la naïveté. À Barcelone, nous allons parler de la crise économique mondiale et de ses conséquences sur l'économie réelle avec des acteurs globaux, tel le PDG de Total, Christophe de Margerie. Et aussi de la zone de crise qu'est la Méditerranée: nous accueillons le président de Chypre, où se dresse le dernier mur d'Europe, celui du Monténégro venu de ces Balkans où la paix est si fragile. Et nous ferons dialoguer un ministre israélien et un autre palestinien. Paix, sida, vivre ensemble, dialogue Islam-Occident : le monde peut aller mieux pourvu qu'on y travaille.

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