ROME — Les chrétiens sont persécutés dans plusieurs régions d'Afrique "parce qu'ils sont une garantie du pluralisme que le totalitarisme musulman" de Boko Haram et Al-Qaïda "veut annihiler", a affirmé lundi le ministre italien de la Coopération, Andrea Riccardi, un catholique militant. Une attaque à la bombe et des tirs pendant deux services religieux à Kano (nord du Nigeria) ont fait environ vingt morts dimanche, et une attaque à la grenade pendant une messe à Nairobi a fait un mort et une quinzaine de blessés. Dans une interview au quotidien Corriere della Sera, le professeur Riccardi, historien des religions et fondateur de la Communauté catholique Sant'Egidio proche du Vatican, relève que "beaucoup de musulmans (en Afrique) sont préoccupés par les attaques contre les chrétiens". Il ne faut "pas faire de généralisations" sur l'islam et les menaces islamistes en Afrique, qui ne touchent que quelques régions, Nigeria, Sahel, Corne de l'Afrique, tient-il à souligner. "Dans le nord du Nigeria, on veut contraindre à l'exode la minorité chrétienne. Parce que les chrétiens sont modérés, acceptent la confrontation, dialoguent, qu'ils sont une garantie de pluralisme que le totalitarisme musulman veut annihiler". Quant au Kenya, "on assiste à une contagion de la crise somalienne", dit-il. "Le XXIe siècle est plus que jamais un siècle du martyre. Egalement là où il n'y a pas de violences religieuses, on attaque les chrétiens parce qu'ils sont modérés et représentent un ancrage gratuit et sûr d'humanité", a souligné M. Riccardi. Le ministre italien évoque aussi l'Irak "où est en cours une épuration des chrétiens, un nettoyage ethnique qui vise, à travers des assassinats systématiques, à les obliger à abandonner les terres qu'ils ont toujours habitées". Du coup, "on peut comprendre la peur qu'ont les chrétiens en Syrie, même s'ils risquent ensuite d'apparaître comme des amis d'Assad" (le président Bachar al-Assad), estime-t-il. Dans le Printemps arabe, "les partis musulmans religieux ont désormais l'hégémonie sur la protestation", ajoute M. Riccardi. "Notre espérance est qu'ils réussissent à concilier (leurs idées, ndlr) avec la démocratie: les choses semblent aller dans cette direction pour le moment", souligne-t-il, en relevant que beaucoup dépendra de l'évolution de l'Egypte. Source : AFP, le 30 avril 2012
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