En accueillant dans ses rangs Mgr Jean-Pierre Delville qui a soufflé fin avril ses 62 bougies, la Conférence épiscopale belge accueille un intellectuel brillant et un passionné de l’évolution de l’Eglise. Mais l’homme n’a rien d’un chercheur en chambre ni d’un rat de bibliothèque même si le livre est une de ses passions. C’est que Delville se double d’un homme d’action et de terrain. Eclectique et ouvert avec ça ! L’historien de l’Eglise dont le champ d’investigation a toujours été très large, aussi à l’aise dans la mise en valeur des Archives catholiques francophones que comme membre du Comité d’histoire religieuse du Brabant wallon ou de la Société des bibliophiles liégeois peut se plonger avec autant de délectation dans la vie de Julienne de Cornillon à la base de la Fête-Dieu que dans le dépouillement des archives d’un mouvement démocrate-chrétien.
En même temps, il a toujours été disponible pour accompagner ses amis de Sant’Egidio qu’il avait découvert à Rome. Il y fut même ordonné diacre en 1978 dans la petite église du Trastevere d’où est partie la communauté chère à Andrea Riccardi. On le retrouva donc logiquement plus tard aux côtés des antennes belges du mouvement à Bruxelles, Anvers et Liège.
Bardé de diplômes d’historien, de docteur en philosophie et lettres (sciences bibliques) et de bachelier en théologie, le cœur de Jean-Pierre Deville balança en permanence entre la recherche et l’enseignement et l’action pastorale sur le terrain. Les paroisses de Liège, il les connaît puisqu’il fut vicaire dominical dans quatre d’entre elles.
La meilleure immersion possible pour un futur évêque ? Oui car, comme il l’a rappelé à la conférence de presse, cela l’a mis en contact avec toutes les réalités de Liège où il a participé à la création d’un café social à la paroisse St-Martin et d’un resto pour sans-abris et d’une école de la paix à St-Barthélémy. Sans oublier, dans un autre registre, la restauration de l’orgue historique de St-Jacques qui l’interpella d’autant plus qu’il est bon organiste, étant même Prix d’orgue du Conservatoire de Liège.
Pas toujours facile évidemment de concilier le travail paroissial et des fonctions de responsabilité au séminaire St-Paul tout en menant une carrière de professeur à l’UCL, mais l’abbé Delville s’efforçait de satisfaire tout le monde tout en répondant à bien des sollicitations médiatiques. Désormais, il devra réduire sa voilure mais pourra toujours compter sur l’appui et l’amitié de tous ceux qui ont côtoyé un jour cet étonnant prêtre multidimensionnel.
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