On l’attendait au plus tôt à la rentrée : le Vatican a créé la surprise, vendredi, en annonçant la nomination de l’abbé Jean-Pierre Deville comme nouvel évêque de Liège. Une désignation-express aux normes de l’institution bimillénaire : il y a moins de 7 mois qu’Aloys Jousten a donné sa démission et son successeur s’installera déjà le 14 juillet à la cathédrale St-Paul.
Pour les observateurs de l’Eglise, il ne fait pas de doute que l’arrivée de Jorge Bergoglio sur le trône de Pierre a pesé sur cette désignation aussi prompte que décidée. Elle confirme ce qu’on a pu percevoir depuis la mi-mars : sous l’impulsion du pape François, l’Eglise veut revenir à ses fondamentaux et se retrouver d’abord aux côtés des plus démunis et des plus faibles de nos sociétés, victimes de pauvreté tant matérielle que spirituelle sur une planète elle-même déboussolée.
Le choix de Jean-Pierre Delville qui est proche de Sant’Egidio depuis 1978 est très symbolique : l’homme est un brillant intellectuel et un grand historien de l’Eglise dont l’UCL pleure déjà le départ (tout en se réjouissant de sa nomination !), mais c’est aussi un homme de terrain qui a créé des lieux de rencontre pour les rejetés de la société dans la Cité ardente. Ce sera aussi clairement un évêque qui veut revoir le rôle des laïcs et des femmes, sans cependant demander l’(encore) impossible. En prônant “l’union de la contemplation et de l’action”, il rejoint la ligne de conduite du nouveau Pape qui devrait désigner d’autres évêques au profil pastoral et social aussi déterminés. Mgr Delville, grand connaisseur du concile Vatican II, devrait surprendre autant ici que François à Rome…