Tous les samedis, avec d’autres bénévoles, vous servez les repas aux pauvres du Kamiano, le restaurant de Sant’Egidio à Liège. Vous allez continuer ?
Oui, je vais continuer. C’est important pour moi. Le nom de Kamiano a été inspiré par l’exemple du père Damien. C’est ainsi que les indigènes le surnommaient. Damien a travaillé au service des lépreux tout en contribuant à la recherche du vaccin contre cette maladie. Il a invité pour cela de nombreux médecins à Molokai. Il n’y a pas, chez lui, de dualité entre l’action immédiate sur les personnes et la recherche de solutions structurelles. Avec le restaurant aussi, nous essayons de ne pas seulement donner une rustine à une personne mais de la mettre en contact avec les réseaux de solidarité qui peuvent la soutenir. La notion d’amitié est aussi importante. Ce n’est pas un self où on vous balance la nourriture sans plus. On vous reçoit en famille et vous pouvez nouer une amitié qui est une clé dans la vie humaine parce que c’est un acte volontaire, raisonné et pas seulement un acte qui résulte de la sensibilité ou des sentiments. Ce n’est pas parce que je suis sensible aux belles blondes ou aux gens qui ont l’accent espagnol ! C’est parce que je vois quelqu’un, même avec ses défauts. Ce que l’Evangile appelle "agapè", c’est l’amour mais aussi l’amitié.
Où en est le chantier des paroisses à Liège ?
Je visiterai les communautés chrétiennes à partir des unités pastorales. Il est important de voir les capacités de chacun à partir d’entités plus grandes et de réunir les compétences à leur service. Cela dit, il est important de maintenir les foyers communautaires locaux : on ne peut négliger la dimension des quartiers et des villages existants. Lors d’une visite à des prêtres liégeois au Brésil j’ai été frappé par le dynamisme de chapelles de quartier où l’on prie encore intensément. Donc il faut trouver une bonne articulation entre une direction responsable et une certaine décentralisation. Je trouve cela personnellement très stimulant.
Votre messe d’ordination aura-t-elle un thème particulier ?
Elle gravitera autour du thème de mon blason qui s’inspire d’un extrait du Psaume 45, "Le fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu", gravé sur les Fonts baptismaux de St-Barthélemy. Nous l’illustrerons de manière originale lors de la procession des offrandes par l’évocation d’une série de saints qui me sont chers : Damien, Lambert, Julienne de Cornillon…
Christian Laporte et Paul Vaute