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18 Novembre 2008

Les religions du monde face au dernier mur d’Europe

Le rassemblement interreligieux annuel pour la paix, organisé par la communauté de Sant’Egidio, s’est heurté à la douloureuse division de Chypre

 
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La main de Iannis se met soudain à trembler. Montrant la couverture du livre, il s’écrie : « C’était l’église de mon village ! » Du bel édifice de Sainte-Catherine de Gerani, il ne reste aujourd’hui plus rien ; elle a été rasée au début de cette année par les occupants de la partie nord de Chypre. Là où le gamin devenu quinquagénaire, conducteur de bus à Nicosie, allait sonner les cloches de l’office du matin, il ne reste rien.

Depuis l’occupation de cette région par les Turcs en 1974, des centaines de lieux de culte chrétiens ont ainsi été détruits, et ceux qui restent ont été convertis en étables ou en mosquées, en appartements ou en cafés… Des fresques et mosaïques parfois millénaires ont été déposées et les sublimes icônes volées, les unes et les autres évanouies sur le marché noir en Allemagne ou au Japon… Iannis, comme 200 000 chrétiens (le tiers de la population de la partie nord) a dû fuir son village natal, n’y revenant qu’à de rares occasions pour se recueillir sur la tombe – saccagée elle aussi – de sa grand-mère.

Dimanche 16 novembre, c’est tout un cortège qui a franchi la ligne de démarcation entre les deux moitiés de cette île déchirée. Quarante responsables religieux, de tous pays et de toutes confessions, ont passé le check-point de barbelés de la rue Lidras, à Nicosie. 

"Assurer ensemble la paix sur notre île"
Leurs passeports dûment tamponnés par les autorités chypriotes- turques, ils ont traversé le bazar jusqu’à la mosquée Selymie : ce chef-d’œuvre de l’art gothique, érigé en 1209, était la cathédrale catholique Sainte-Sophie jusqu’à l’invasion ottomane de la cité en 1570. Ils s’y sont recueillis, pour le geste. « Nous voulions poser un acte symbolique, pour dire au pouvoir turc qu’à nos yeux les lieux de culte de toutes les traditions doivent être absolument respectés », témoigne ainsi le pasteur Jean-Arnold de Clermont, membre de la délégation.

Cet ultime mur coupant en deux une capitale européenne n’a cessé de hanter les travaux du rassemblement interreligieux « Civilisation de paix », auquel participaient ces pèlerins du matin. Organisé à Nicosie depuis dimanche et jusqu’au mardi 18 novembre, c’était le 22e tenu par la communauté de Sant’Egidio depuis la grande rencontre d’Assise et selon l’esprit suscité par Jean-Paul II.

Dès l’ouverture, le président de la République de Chypre s’était lui aussi engagé par des paroles fortes : « Notre partie est décidée à continuer le dialogue et attend que l’autre partie montre la même bonne volonté pour que nous puissions assurer ensemble la paix sur notre île », lança Dimitris Christofias, confirmant à son homologue chypriote-turc Talat leur projet, en cours de négociations, de retrouver l’unité du pays sous la forme d’« un État fédéral avec une souveraineté indivise, une seule personnalité internationale, une seule nationalité et l’égalité politique ». Une lueur d’espoir pour Iannis et les siens, même si l’accord n’est pas pour demain. 

Un accord tout relatif
L’accord entre les 200 représentants des religions venus dialoguer et prier à Nicosie était, lui aussi, tout relatif. « Chypre est un carrefour qui nous lance le défi du vivre-ensemble », avait proclamé d’emblée Andrea Riccardi, le fondateur de Sant’Egidio. Les obédiences orthodoxes, notamment, restent divisées entre elles. Le « cactus » de l’Église d’Estonie a poussé les Russes, pourtant habitués de ce grand rendez-vous d’automne, à s’excuser, et le Patriarcat de Constantinople, ayant son siège en Turquie, est resté très discret en terre chypriote-grecque.

Les grands moments n’ont pas manqué, tel le témoignage d’Ingrid Betancourt, toujours aussi émue et émouvante en disant l’espérance qui l’a sauvée. Ou le dialogue entre l’ensemble des confessions de l’Irak. Sans parler du rituel final de ces rendez-vous de Sant’Egidio, toujours bouleversant, lorsque, chacune des traditions ayant prié entre soi, toutes convergèrent sur la place de l’Archevêché pour lancer un appel à la paix et allumer dans la nuit des veilleuses de foi et d’espoir. À Nicosie, par la grâce d’un soir, les murs des hommes ne montaient pas jusqu’au ciel.


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