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17 November 2008 16:30 | Hilton Park - Ledra B

Kone Idriss Koudouss



Kone Idriss Koudouss


AU NOM D’ALLAH, LE TRES MISERICORDIEUX PLEIN DE MISERICORDE !

PERCEPTION

Excellence mesdames et messieurs ! Toutes et tous en vos rangs et qualités !
On a coutume de dire que le futur se conçoit au présent, à partir des expériences vécues dans le passé.
Il en est de l’avenir des relations Afrique/Europe. Les articulations importantes de celles-ci étant le commerce triangulaire dont la honteuse traite négrière suivie de la colonisation, une page non moins triste, puis aujourd’hui de la coopération Nord Sud. De ces parenthèses, l’histoire a peu ou prou fait mention des rapports interreligieux de ces deux continents. Pourtant, les contacts entre l’Afrique berceau de l’humanité, et l’Europe le vieux continent, sont restés fortement marqués par l’influence des religions, tels l’Animisme, l’Islam et le Christianisme.

I - DES CONQUÊTES RELIGIEUSES DE L’AFRIQUE PAR L’EUROPE

Y a-t-il eu des conquêtes religieuses de l’Afrique par l’Europe ? Cette interrogation trouve sa réponse dans des dires et  pensées des témoins de ce pan de notre histoire commune. Prenons en deux :
1- L’explorateur et pasteur anglais Livingstone a pu dire : « les missionnaires devaient établir en Afrique des centres de christianisme et de civilisation destinés à répandre la religion et à promouvoir le commerce et l’agriculture ».
2- Un autre missionnaire dans le livre ‘’la terre illuminée ‘’ écrit : « Les populations nègres, particulièrement incapables de se gouverner elles mêmes, livrées à toutes les atrocités d’un fétichisme stupide ou exploitées par l’islamisme corrupteur et cruel, ont tout intérêt à se voir soumises aux peuples chrétiens, qui, du moins, amélioreront leur sort, s’ils ne les amènent pas toujours à la connaissance et à la pratique de la vraie religion… »
Conséquemment, si les missions colonisatrices et  prosélytes de l’Europe en Afrique ont pu être menées, c’est grâce à des conditions de facilitation, qu’il conviendrait d’invoquer.

II-DES FACILITATIONS DES CONQUÊTES EUROPEENNES EN AFRIQUE

Les conquêtes de l’Afrique par l’Europe n’auraient jamais eu lieu sans la volonté politique de certains dirigeants européens d’alors.
Dans sa déclaration devant le conseil d’Etat en 1802, Napoléon dit : « Le corps expéditionnaire part défendre la religion occidentale et chrétienne. Après son passage, la place est libre pour le commerçant …» Comme on le constate, le schéma était très simple : d’abord le missionnaire, ensuite le soldat et enfin le mercanti. Autrement  dit : La croix, le canon et le commerce ; les trois C.
Plus tard, soit à partir de la seconde moitié du 20ème siècle, la communauté internationale découvre le substitut des conquêtes ; la coopération Nord Sud, dont le summum est devenu le partenariat Afrique, Caraïbes et Pacifiques/ Union Européenne (ACP/UE). Soixante dix neuf (79) pays avec quarante huit(48) au sud du Sahara, seize(16) aux Caraïbes et quinze(15) au Pacifique, face à vingt sept(27) pays européens.
Si les trois C (croix, canon, commerce) ont facilité un C : les conquêtes, un seul C suffira désormais à l’Europe pour tirer profit des nouvelles relations : il s’agit des Conditionnalités. Celles-ci émanent, elles aussi, de volonté politique comme au 19ème siècle.
En effet, pour l’eurodéputé et ancien premier ministre français Michel Rocard, les conditionnalités de l’aide européenne à l’Afrique doivent porter prioritairement sur « l’arrêt des arrestations arbitraires, la disparition de la torture dans certains pays, l’indépendance de la justice et l’efficacité de son contrôle sur la police… Il conclut en ces termes : les élections démocratiques pluralistes sont bien la consécration d’une installation de la démocratie, mais elles n’en sont jamais le commencement. On ne peut jamais transformer une dictature en démocratie, mais on peut transformer une dictature en despotisme éclairé, et c’est déjà un progrès qui conditionne la suite».
Pour  Madame Glenys Kinnock, Ce qui reviendrait à l’Europe de faire serait simple : « prendre notre responsabilité au sérieux et travailler  ensemble pour faire sortir les gens de la pauvreté. De la volonté politique, c’est tout ce dont nous avons besoin pour opérer un changement ».
De l’esclavage à la coopération en passant par la colonisation, les relations Afrique/Europe ont toujours soumis les africains aux desideratas des européens.
Même la défunte Société Des Nations (SDN) n’a pu se soustraire de cette théorie de la mission civilisatrice de l’Afrique par l’Europe. Aussi, la convention de Saint Germain, le 10 Septembre 1919, a-t-elle fait obligation aux nations colonisatrices ou mandatrices de « favoriser sans distinction de nationalité ni de culte, les institutions et entreprises religieuses, scientifiques et charitables créées et organisées par leurs ressortissants et les Etats membres de la SDN, qui adhèrent aux résolutions finales qui tendent à conduire les indigènes dans la voie du progrès et de la civilisation ».
En plus de la soumission, l’insuffisance est restée africaine et la supériorité due à cette sorte d’apport matériel, civilisationnel et financier est demeurée européenne.

III- ETAIT-CE LES ATTENTES AVOUEES?

Moins qu’une leçon de morale à des populations nées et éduquées dans les pays émancipateurs éclairés par un siècle de lumière, concepteurs de la déclaration universelle des droits de l’homme, il est plus question du sort d’une relation dont le passé dépendait aussi de la religion. Une relation dont les plus grands profits sont revenus à l’Europe ; l’argent de la vente des esclaves recueilli par les négriers, l’exploitation faite des esclaves employés dans les plantations de tabacs, de canne à sucre, les bénéfices tirés des comptoirs commerciaux de la colonisation, etc.
En revanche, l’Europe a toujours mis en avant la recherche du bonheur de l’Afrique. A l’analyse, cet objectif est loin d’avoir été atteint. Par contre, celui inavoué du développement de l’Europe sous le prétexte de l’émancipation matérielle et morale de l’africain est observable.
 Faisant ce même constat d’échec, un jésuite, le père Yves Morel écrit dans la revue ‘’Débats, courrier d’Afrique de l’Ouest’’ n° 56-57 Juillet-Août 2008: « Les chrétiens africains se demandent  pourquoi, après plus d’un siècle de christianisation, ces promesses contenues dans le message évangélique, de libération, d’épanouissement, de bonheur leur semblent refusées ? Ils disent : Jésus a guéri les malades, ressuscité les morts. Alors, pourquoi ne bénéficions nous pas de ces annonces ? Pourquoi l’Afrique reste pauvre, divisée, ravagée par les maladies ? »
L’objectif des européens est il vraiment la quête du bonheur des africains dans les rapports Afrique-Europe ? La description de la culture, de la religion et des pratiques des africains comme étant les causes de leur retard d’émancipation n’était elle pas de la poudre à leurs yeux pour mieux les exploiter?
Ce que l’Europe a fait et continue de faire en Afrique ; en termes d’infrastructures économiques, sociales et religieuses était et demeure profitable d’abord et avant tout  à l’Europe. La coopération ACP/UE n’a pas encore réussi à innover, afin de persuader l’Afrique de compter sur ses propres efforts.

IV-CE QUE DOIVENT ÊTRE DESORMAIS LES RAPPORTS AFRIQUE/EUROPE

Admettre la diversité, sans chercher à étouffer, ni à supprimer l’autre dans  son essence pour se servir, mais essayer de s’entendre, de se connaître et de communiquer doit, de notre point de vue, régir dorénavant les rapports Afrique-Europe.
Aussi, malgré les stigmates que sont l’esclavage et la colonisation marqués par l’humiliation et la domination, l’Afrique doit-elle assumer son histoire, abandonner l’idéologie de la victimisation qui fait de ses filles et fils, à tort ou à raison, les souffre-douleurs de l’humanité. Partant, ce serait pour l’Afrique, assumer sa part de responsabilité dans le mal-être qui la caractérise. Autrement dit, il s’agit de se mettre face à soi-même dans une quête de vérité, s’avouer ses faiblesses pour mieux tirer partie de la future vraie relation entre l’Afrique et l’Europe.
C’est une attitude aux antipodes du repli identitaire dans ce contexte de mondialisation caractérisé par l’interdépendance grandissante et l’interpénétration croissante. Au surplus, il faut se faire la vision d’une Afrique nouvelle par les africains eux-mêmes. Ceci suppose qu’il faille :
- Abandonner l’idée de vouloir rattraper les pays développés,
- Tracer sa propre trajectoire dans l’histoire, en cherchant soi même les solutions de ses propres problèmes. C’est cette reprise d’initiative qui voudrait «  qu’on ne développe pas, mais qu’on se développe ».
- Compter sur les initiatives, l’intelligence et le courage de ses hommes et femmes.
En cela, nous serons Conformes à ce que dit le Prophète Muhammad (saw) : « vous êtes les mieux placés pour juger des affaires de votre monde ».
Quant à l’Europe, il lui faut renoncer à son ambition du régime de la gouvernance mondiale qui caractérise ses rapports avec l’Afrique.
C’est en cela que le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique, le NEPAD créé en 2001 avait suscité une espérance légitime en chaque africain. Celle-ci a malheureusement été de courte durée.

EN CONCLUSION  

De l’esclavage à la coopération, en passant par la colonisation, l’Afrique a trop peu profité de ses relations avec l’Europe pourtant indiquées comme établies pour la sortir de sa supposée damnation.
Ce ne sont pourtant pas les dispositions favorables qui lui font défaut (moyens humains, richesses naturelles ; végétations, minerais, cours d’eau, etc.)
Au seul plan religieux, l’Afrique a accueilli le Christianisme avant l’Europe, par exemple. Alors que Issa (as), (Jésus) n’a jamais mis les pieds en Europe, contrairement à l’Afrique, ce sont les européens qui ont apporté son message aux africains subsahariens. Dès lors, ils profiteront  de leur apport ; le christianisme, pour asseoir leur hégémonie dans tous les secteurs.
En tirant les enseignements de l’histoire de ce passé, la préoccupation de l’Afrique pour son avenir harmonieux doit être à la hauteur de la prise de conscience de son déficit de développement.
Qu’on l’appelle NEPAD ou NIA (Nouvelle Initiative Africaine), l’Afrique doit faire un nouveau pari, notamment dans son partenariat avec l’Europe.
En identifiant un objectif fondamental avec des secteurs réputés prioritaires, il faut prendre en compte au titre des institutions de la coopération ACP/UE, une assemblée consultative de religieux issus des différentes confessions religieuses exerçant en Afrique et en Europe. Ce qui  est défini dans l’accord de Cotonou, article 6, pour la période 2000-2020 laisse à la communauté religieuse la portion congrue. Tout simplement parce qu’on demande aux religions de se mettre dans la peau d’ONG, alors que celles là n’ont pas l’expertise et les mêmes préoccupations que celles ci.
Même si l’organisation sociale est l’une des missions de la religion, elle la fait en marge des cultes.
Mesdames et Messieurs ! Ce sont des dispositions qui favoriseront l’avènement de la cité promise par Allah (Dar Al Islam), à la sourate 21, versets 104 et 105 : « le jour où Nous plierons le ciel comme on plie le rouleau des livres. Tout comme Nous avons commencé la première création, ainsi Nous la répéterons ; c’est une promesse qui nous incombe et Nous l’accomplirons !
Et Nous avons certes écrit dans le Zabûr, après l’avoir mentionné dans le livre céleste, que la terre sera héritée par Mes bons serviteurs ». 
Je prie Allah que ce jour soit à la portée des peuples africains et européens !

MERCI DE VOTRE AIMABLE ATTENTION, QU’ALLAH NOUS EXAUCE !

 



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