Cardinale, Archevêque émérite de Washington, États-Unis
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Il y a neuf ans, nous étions réunis ici à Barcelone pour prier pour la paix. Nous avions de grandes espérances. Or, quelques jours à peine après notre rencontre, celles-ci furent balayées par les attaques terroristes qui ont frappé mon pays, touchant directement ma famille et me faisant perdre un neveu, qui était pompier à New York.
Le lendemain de la tragédie, les leaders religieux de Washington se sont réunis avec les hauts représentants des communautés musulmanes et juives, et avec de nombreux autres responsables des grandes religions du monde. Nous nous sommes rassemblés pour invoquer la paix, favoriser la compréhension réciproque et l’unité de la famille humaine. Nous étions réunis pour prier ensemble pour ceux qui avaient souffert, mais aussi parce que nous partagions l’inquiétude que ces terribles crimes, œuvre d’un petit groupe de terroristes, ne fassent oublier le nombre incroyable de nos frères et de nos sœurs des communautés musulmanes qui avaient eux aussi été outragés et bouleversés, tout comme nous l’avions nous-mêmes été.
C’est ce que nous devrions faire, en tant que croyants : nous réunir en prière, dialoguer, agir, pour travailler ensemble pour un monde meilleur.
Bien que le nouveau siècle se soit ouvert sous le signe de la violence du terrorisme, nous étions déterminés à ne pas perdre la vision commune de paix et de fraternité. Le dialogue n’était donc pas réservé aux rêveurs ; il n’était pas que le rêve de ceux qui n’ont aucun contact avec la réalité. Bien au contraire, ainsi que l’a dit Andrea Riccardi : « Le dialogue semble être une dangereuse ingénuité », nous étions convaincus qu’il constituait une clef pour la compréhension réciproque et l’action commune.
Depuis 1986, nous n’avons jamais cessé de nous réunir avec patience et de dialoguer. Nous sommes déterminés à ne pas interrompre ce chemin. Nous avons même apporté nos rêves et nos espoirs aux Etats-Unis en 2006 et cette année nous voulons célébrer le début d’une nouvelle décennie. Nous savons que la paix est encore fragile et que les nuages obscurs de la guerre couvrent encore les cieux de plusieurs pays et de régions entières dans le monde. Toutefois, en tant qu’hommes et femmes de foi croyant dans le Dieu unique, nous avons la force de regarder en haut, au-delà des ténèbres et de voir l’aube d’un jour nouveau.
Aux Etats-Unis, nous sommes solidaires avec notre Président qui travaille en faveur de la paix et de la justice entre Israéliens et Palestiniens dans cette terre que nous appelons sainte. Nous prions pour le succès de ce dialogue et pour la paix dans le monde entier.
Nous sommes des gens de foi et nous croyons que Dieu nous donnera la force et une vision commune pour faire jaillir à nouveau la lumière en pleine obscurité, la joie dans la douleur. Dans ce but, nous voulons nous engager dans le dialogue et la patience, en offrant les talents reçus, nos énergies et nos espoirs, pour un monde de paix. Demain et toujours. |