D’un côté, la « vie de chercheur », passionné et infatigable. De l’autre, celui qui essayait de vivre selon trois principes : « prière, amour et amitié ». En quelques mots, le président du Conseil pontifical pour la famille, Mgr Vincenzo Paglia, a rendu un vibrant hommage, mercredi 26 novembre, à l’historien et sociologue Émile Poulat, mort samedi 22 novembre à l’âge de 94 ans.
Au cours de la cérémonie d’obsèques qu’il présidait à l’église Saint-Séverin, à Paris, entouré d’une dizaine de prêtres, dont Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris, et Mgr Claude Dagens, l’évêque d’Angoulême, Mgr Paglia a salué en son « cher Émile » « l’un des spécialistes le plus qualifié de la vie de l’Église et de la société contemporaine ».
Membre de la communauté Sant Egidio, comme l’était Émile Poulat, il a évoqué le caractère d’un homme « qui avait fait du partage une discipline de vie ». « Il avait refusé de considérer la vieillesse comme une période triste », a-t-il ajouté.
Dans l’assemblée, tous étaient venus saluer une dernière fois celui qui avait passé sa vie à étudier l’Église catholique et la laïcité. Parmi eux, plusieurs représentants de la communauté universitaire, comme les sociologues Olivier Bobineau ou Jean Baubérot, ou des personnalités issues du monde politique, comme le président de l’Observatoire de la laïcité, le socialiste Jean-Louis Bianco.
« Il y avait chez lui cette alliance mystérieuse et pas toujours évidente entre la force du savoir intellectuel et une grande finesse de cœur », a résumé Mgr Dagens.
Ces dernières années, le chercheur s’était attaché à la communauté Sant’Egidio, dans laquelle « il voyait un lieu où se nouaient les fils du passé aux espérances du présent ». « Sa vie a été simple comme l’homme était simple. Mais sa vie a aussi été complexe », a salué le fondateur de cette communauté, Andrea Riccardi, à la fin de la célébration.
« Il aimait les idées, le débat, n’était jamais dogmatique ou enfermé dans une position idéologique », a poursuivi l’ancien ministre italien. Avant d’évoquer le parcours de son ami, qui fut toujours attaché à l’Église catholique. « Je n’ai jamais eu de compte à régler ni avec (l’Église), ni avec moi, ni avec personne », écrit ainsi Émile Poulat dans un « Testament spirituel » cité à plusieurs reprises durant la cérémonie.
Une allusion au parcours de l’historien, ordonné prêtre en 1945 avant de quitter le clergé 9 ans plus tard et de se marier en 1955, avec Odile, avec qui il partagea soixante années de vie commune. Depuis, il était devenu un chercheur prolifique, s’intéressant d’abord à la crise moderniste, avant de devenir l’un des plus grands spécialistes de la laïcité.
Ses proches et amis ont salué un homme « toujours joyeux », « très simple, très humain », « prompt à aider les jeunes, capable de réaliser de vraies rencontres ». « Jusqu’à la fin, a encore affirmé Andrea Riccardi, Émile Poulat est resté chercheur de savoir, de connaissances et de rencontres. »