Dans une déclaration publiée mercredi 23 octobre, Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant’Egidio salue l’initiative du gouvernement italien d’exiger de ses homologues européens, lors du sommet qui débute jeudi à Bruxelles, une solidarité concrète en matière de politique migratoire, trois semaines après le drame tout près des côtes de la petite île de Lampedusa qui avait fait plus de 360 morts.
« Le phénomène migratoire, a déclaré Marco Impagliazzo, a pris des dimensions historiques ; il ne peut plus être évalué en recourant à des catégories du passé. Aujourd’hui déjà, après l’émotion suscitée par les dimensions du drame humanitaire et le deuil observé pour les victimes, on voit apparaître des distinguos inquiétants quant aux responsabilités nationales et communautaires, ce qui rend d’autant plus estimable et susceptible d’être relayé l’appel du président du Conseil italien à une nécessaire modification des règles européennes en matière d’immigration. »
« Principe de solidarité »
Après avoir rappelé que ce thème a été au centre de l’entretien que lui-même et le fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, Andrea Riccardi, ont eu lundi, avec le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, Marco Impagliazzo souligne que « l’identité irréductible de l’Europe réside dans le respect et dans la défense des droits humains », ce qui impose à tous les États membres de l’Union de « prendre toutes les initiatives possibles pour sauver les vies des migrants et construire un système généreux et équitable d’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile ».
« Le principe de solidarité et de juste répartition des responsabilités entre les États membres en matière d’immigration et d’asile est sanctionné par des traités », poursuit Sant’Egidio, qui sollicite l’adoption d’une série de mesures allant du renforcement de la coopération avec les États de provenance des immigrés à l’ouverture d’un couloir humanitaire européen à même de délivrer les réfugiés de l’emprise des trafiquants, en passant par l’ouverture d’un Bureau européen de l’immigration en territoire nord-africain, l’adoption de procédures communes pour le primo-accueil, la création à Lampedusa et en Sicile de centres de premier accueil européens dans lesquels, en dérogation à la réglementation de Dublin, il soit permis aux demandeurs d’asile qui en ont le droit de demander leur réintégration vers tous les pays de l’Union, avec une préférence pour les pays dans lesquels ils ont déjà des liens familiaux.
« L’Italie, a conclu Marco Impagliazzo, doit devenir le chef de file opérationnel d’un projet pilote européen pour la création d’un centre d’accueil pour les flux d’urgence ; mais c’est l’ensemble des États membres de l’Union qui doivent apporter leur contribution à ce projet. »
N. S.