Trop de violences, trop de morts, trop de destructions généralisées. C’est ce qui a poussé différents groupes de l’opposition démocratique syrienne, actifs à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, à adresser un appel à la paix au peuple syrien et à la communauté internationale. L’écriture de cet appel en 11 points a duré plusieurs jours et a été rendu public le 26 juillet.
Les groupes de dissidents syriens étaient réunis sous l’égide de
la Communauté de Sant’Egidio, l’organisation catholique active dans la résolution de conflits en Afrique et au Moyen-Orient.
« La solution militaire tient le peuple syrien en otage et n’offre pas de solution politique à même d’entendre ses aspirations profondes. La violence porte à croire qu’il n’y a pas d’alternative aux armes. Mais les victimes, les martyrs, les blessés, les détenus, les disparus, la masse des réfugiés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, nous demande de prendre la responsabilité d’arrêter cette spirale de violence » , explique le cinquième point du texte.
Pour l’enclenchement d’un processus de négociations
Pour les signataires, le conflit en Syrie entretient un risque de « glissement vers la guerre civile » , qui met en danger l’État, l’identité syrienne et la souveraineté nationale. « Nous sommes fermement opposés à toute forme de discrimination sur la base confessionnelle ou ethnique, de quelque partie qu’elle provienne. Nous sommes pour une Syrie de citoyens égaux. Nous voulons qu’à l’avenir la Syrie soit une patrie pour tous, capable de respecter la vie et la dignité humaine dans la justice » , assure l’appel. « La société syrienne est fondée sur un très fragile équilibre et la violence est en train de la détruire » , a souligné le président de Sant’Egidio, Marco Impagliazzo.
« Tout en reconnaissant le droit des citoyens à la légitime défense » , ce texte prône donc une solution politique au conflit via des négociations. Il appelle notamment les combattants de l’Armée syrienne libre (ASL) et tous les autres combattants à participer ensemble à un processus politique de négociations, première étape selon les signataires, pour créer une Syrie pacifique, sûre et démocratique.
Malgré les blocages persistants du Conseil de sécurité de l’ONU depuis le début du conflit, la communauté internationale est aussi appelée à l’aide : elle « a la force et les capacités nécessaires pour trouver un consensus qui constitue la base d’une sortie politique de la crise dramatique actuelle, fondée sur l’imposition d’un cessez-le-feu, le retrait des appareils militaires, la libération des détenus et des personnes enlevés, le retour des réfugiés, les aides d’urgence aux victimes, une véritable négociation globale sans exclusions, qui se verra complétée d’une véritable réconciliation nationale fondée sur la justice » .
« Nous faisons partie du peuple syrien qui souffre »
Les 17 opposants syriens qui ont signé cet appel reconnaissent la différence de leurs opinions et de leurs expériences. Mais « nous faisons partie du peuple syrien qui souffre de l’oppression de la dictature et de sa corruption » , soulignent-ils.
Parmi eux figurent des dirigeants du Mouvement de coordination nationale, qui regroupe 14 partis de l’opposition politique traditionnelle et qui est dirigé par Haytham al-Manna. Dans les signatures, on trouve également celle de Michel Kilo, un militant de gauche qui a créé en avril 2012 au Caire Le Forum Démocratique, qui mêle des vieux opposants et des jeunes des comités de coordination de la révolte et s’oppose à la militarisation de la révolte.
Les signataires s’engagent à « soutenir toutes les formes de lutte politique pacifique et de résistance civile, et de favoriser une nouvelle phase de rencontres et de conférences à l’intérieur du pays » . La Communauté de Sant’Egidio a quant à elle promis de continuer d’accompagner les efforts et les travaux des dissidents syriens en faveur d’une solution politique et pacifique au conflit. « On commence à voir un avenir au-delà des armes. Ceci est un début » , s’est réjoui Marco Impagliazzo, son président.