Dans le même temps, les combats se poursuivaient dans la deuxième ville du pays. Les affrontements se sont déroulés dans le quartier de Mohafaza et des obus ont visé les quartiers de Machhad et Saleheddine, provoquant la mort d'une enfant et faisant sept blessés, selon l'OSDH. Un civil a, en outre, été tué par balles dans sa maison selon l'OSDH.
Malgré les combats qui ont fait 15 morts civils dans la ville mercredi, des manifestations nocturnes se sont produites dans plusieurs quartiers d'Alep pour
appeler au départ du président Assad, selon l'OSDH. L'
armée et les rebelles ont acheminé mercredi des troupes vers Alep.
"Voici ce que nous craignons : de voir un massacre à Alep et c'est ce que le régime semble être sur le point de faire", a déclaré jeudi la porte-parole du département d'Etat américain, Victoria Nuland. Les Etats-Unis ne prévoient toutefois pas d'intervention militaire en
Syrie sans
avoir obtenu au préalable un mandat en ce sens du Conseil de sécurité de l'ONU, où la
Russie a bloqué à trois reprises des résolutions menaçant de sanctions Damas pour la répression menée depuis mi-mars 2011, a ajouté Nuland.
AFFRONTEMENTS À DAMAS
Dans le quartier de Yalda, dans le sud de Damas, des opposants ont annoncé que des tirs de roquettes ont tué au moins 16 personnes jeudi, dont des femmes et des enfants, au cours d'une offensive de l'armée syrienne. Un opposant présent dans le secteur a indiqué qu'une salve tirée par des lance-roquettes multiples avait frappé deux bâtiments, causant la plupart des pertes.
"Cela s'est passé vers 17 heures [16 heures en France], a précisé l'opposant
Ossama Al-Chami.
Certains blessés sont encore à terre et nous essayons de les aider." La même source a fait état d'un bilan de 20 morts tandis que l'OSDH a indiqué que 16 personnes avaient été tuées, dont quatre femmes et cinq enfants.
L'attaque a eu lieu alors que les forces syriennes, secondées par des hélicoptères de combat, ont bombardé le quartier voisin d'
Hadjar Al-Assouad, dans le sud de Damas, l'un des derniers bastions des rebelles de la capitale. L'OSDH a également déclaré que les corps de 12 rebelles ont été découverts dans le secteur d'Al-Adjami, près de la frontière jordanienne, dans le sud du pays. Selon l'organisation, ils ont été tués dans des bombardements mercredi.
"Les combattants aidaient les habitants à fuir les bombardements quand ils ont été tués, dix d'entre eux sont toujours portés disparus", a indiqué
Rami Abdelrahman, directeur de l'OSDH.
Par ailleurs, des affrontements ont éclaté dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, à Damas, selon des habitants et les comités de coordination populaire.
"LES ARMES NE SONT PAS LA SOLUTION"
Des dissidents syriens ont signé jeudi à Rome un appel conjoint en faveur d'une solution
politique au conflit en Syrie, demandant en particulier un cessez-le-feu, la libération des prisonniers et la réconciliation nationale.
"Nous ne pouvons pas accepter que la Syrie soit transformée en un terrain de bataille régional et international", ont déclaré les 17 signataires de cet appel, parmi lesquels des dirigeants du Mouvement de coordination nationale et du Forum démocratique.
"Nous pensons que la communauté internationale a la force et les capacités nécessaires pour trouver un consensus qui serait la base d'une solution politique à la crise dramatique en cours", affirme le texte adopté à l'issue de plusieurs jours de discussions. Les signataires demandent
"une négociation réelle et globale qui n'exclue personne, et un processus qui serait mené dans un véritable esprit de réconciliation", ainsi qu'une
aide humanitaire et le retrait de l'armée.
"Nous savons que la Syrie, un endroit où coexistent pacifiquement des gens et des religions différentes, court un risque mortel qui menace l'unité de son peuple, leurs droits et la souveraineté de l'Etat", affirme l'appel.
L'un des signataires,
Abdul Aziz Al-Khayer, qui a passé quatorze ans en prison pour son opposition au régime, a déclaré :
"Les armes ne sont pas la solution. Elles ne construisent pas la démocratie." Les pourparlers ayant abouti à cet appel ont eu lieu à la Communauté de Sant'Egidio, une organisation catholique active dans la résolution de conflits en
Afrique et au Moyen-Orient.
"La société syrienne est fondée sur un très fragile équilibre et la violence est en train de la détruire, a souligné le président de Sant'Egidio, Marco Impagliazzo.
On commence à voir un avenir au-delà des armes. Ceci est un début."
DAMAS CONFIRME LES DÉFECTIONS
Sur le plan diplomatique, Damas a confirmé les défections de trois diplomates syriens en poste à
Chypre, aux Emirats arabes unis et au sultanat d'
Oman, minimisant leur importance et accusant implicitement le
Qatar d'
encourager de telles désertions. La
Maison Blanche a pourtant estimé mercredi que ces défections constituent un signe de plus que les jours du régime Assad sont
"comptés".
C'est aussi l'avis du premier ministre turc,
Recep Tayyip Erdogan, qui a affirmé que le président syrien et ses proches sont
"sur le départ" et que des préparatifs sont en cours pour une
"nouvelle ère" en Syrie.
Parmi les haut gradés déserteurs, le général
Manaf Tlass. Il indique ce jeudi préparer une feuille de route pour une sortie de crise en Syrie impliquant d'
"honnêtes" gens au sein du régime. Mais sans
Bachar Al-Assad, précise-t-il dans un entretien publié jeudi par le quotidien arabe
Asharq Al-Awsat.
Il a ajouté qu'il était prêt à coopérer avec le Conseil national syrien (CNS), principale formation de l'opposition, et l'Armée syrienne libre (ASL), formée de déserteurs et de civils armés, sans
exclure les
"honnêtes" du régime.
FABIUS APPELLE MOSCOU ET PÉKIN À AGIR
La
Grèce a pour sa part annoncé la fermeture de son ambassade à Damas
"en raison de l'aggravation de la situation". Le ministère des
affaires étrangères précise que les consulats de Grèce dans les villes d'Alep, de Lattaquié et de Tartous resteront ouverts afin de prêter assistance aux ressortissants grecs restés dans le pays.
Le ministre français des affaires étrangères,
Laurent Fabius, en déplacement à Varsovie, a pour sa part appelé la Russie et la
Chine à
agir dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies pour empêcher un massacre à Alep.
Citant Moscou et Pékin, il a espéré que les deux capitales entendraient les cris, non seulement ceux du peuple syrien, mais aussi ceux du reste du monde et des pays arabes, pour arrêter ce bain de sang.
source : www.lemonde.fr le 27 juillet 2012