| 14 Augustus 2012 |
Des pistes possibles. Éditorial par Jean-Christophe Ploquin |
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Un chemin de paix reste à trouver en Syrie. Tortueux, parsemé de chausse-trapes, il reste toutefois préférable à la voie de l'affrontement dans lequel le pays est engagé. Le conflit devient une guerre civile, où d'anciens voisins se perçoivent comme les pires ennemis. Encore un peu et il sera exacerbé par les haines confessionnelles, lorsque les différences religieuses deviennent un clivage déterminant. La minorité alaouite sur laquelle le clan Assad a assis son pouvoir se sent en effet enfermée dans une logique du tout ou rien : soit elle sauve le système, au prix de batailles féroces, soit elle sera soumise par des vainqueurs dont la victoire devra beaucoup aux partisans d'un islam sunnite radicalisé. Les Français, comme les peuples du Moyen-Orient, du Maghreb et du continent européen, assistent le cœur serré au martyre d'une population piégée par la violence. Selon un sondage publié dimanche par Sud Ouest , ils perçoivent le risque d'une exacerbation d'un conflit qui s'étendrait probablement à des pays voisins : 52 % se disent favorables à une intervention des Nations unies et 48 % s'y déclarent opposés. Six sur dix refusent que la France participe à une opération armée. Que faire ? Choisir la guerre, en espérant hâter la victoire des révoltés, ou forcer la paix, en misant sur des acteurs susceptibles de penser l'intérêt commun ? À l'exception de quelques pays arabes, tous les États refusent l'option militaire, car ils en mesurent les risques. Mais la recherche d'une solution négociée est bloquée par les stratégies divergentes des États-Unis, favorables à un renversement du clan Assad, et de la Russie, soutien du régime. Les Européens, en outre, ne veulent pas être piégés par les luttes régionales opposant l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite. Au-delà de l'aide humanitaire aux populations déracinées, plusieurs pistes peuvent être explorées : engager avec la Russie une négociation l'amenant à se distancier de Damas ; dénoncer les pays qui favorisent la guerre – l'Iran, l'Arabie saoudite, le Qatar… ; promouvoir en Syrie les groupes et les personnalités qui recherchent une issue non violente, non communautaire et démocratique – la communauté de Sant'Egidio en a réuni une quinzaine qui ont appelé à « une solution politique » , le 26 juillet. Dans le fracas des armes, on peut penser qu'il est déjà trop tard, mais il est peut-être encore temps de hâter un avenir pacifique.
PLOQUIN Jean-Christophe
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