Ils sont venus du monde entier, de pays pacifiques ou de pays ravagés par la guerre, de pays opulents ou de pays pauvres, de mégalopoles, de villages perchés sur une montagne ou blottis entre les dunes d'un désert.
Ils sont arabes, européens, américains, asiatiques, musulmans chiites ou sunnites, chrétiens, protestants, catholiques, orthodoxes, syriaques, chaldéens, coptes, bouddhistes, shintoïstes. Ils sont imams, prêtres, pasteurs, patriarches ou laïcs. Ils sont croyants en l'amour.
Ils sont venus à Rome pour dire leur volonté d'instaurer la paix qu'ils ont reçue de ce Dieu unique avec lequel chacun dialogue à sa manière. Ce dialogue, ils veulent le pratiquer aussi entre leurs religions et le poursuivre avec tous les hommes. Ils sont de la communauté de Sant'Egidio née, en 1986, de la rencontre d'Assise à laquelle Jean-Paul II avait invité les représentants de toutes les religions du monde pour prier ensemble chacun à sa façon. Chaque année, ils se rassemblent pour partager les soucis, les souffrances, conjurer les peurs, faire tomber les barrières, en gardant toujours le courage d'espérer envers et contre tout : d'où le nom de cette rencontre de trois jours : « Le courage de l'espérance ».
Michel Camdessus, Gouverneur honoraire de la Banque de France, soulignait qu'il ne faut pas nous laisser arrêter par nos peurs : faire le premier pas pour aller à celui dont on se méfie ; oser une parole libérée dans une écoute de l'autre. Reconnaître notre devoir de solidarité envers les pays pauvres et notre responsabilité à l'égard de l'environnement.
Changer la face de la terre
L'Archevêque maronite de Beyrouth a médité sur l'islam dans la construction de la convivialité, notant que le prophète a accueilli des chrétiens dans sa maison parce que, dit-il, « Dieu veut que les hommes s'acceptent et se complètent les uns les autres... Tout langage des armes est interdit par Dieu et refusé par tous les hommes de bonne volonté... Vatican II a demandé aux chrétiens de mettre la main dans la main des musulmans et nous ne voulons jamais retirer notre main de cette relation. N'oublions pas que le christianisme et l'islam, dont les adeptes représentent la moitié de l'humanité, sont par leur rencontre et leur universalité capables de coopérer pour changer la face de la terre ».
Sayyed Salih Al-Hakeem, professeur de droit islamique en Irak, estimait, lui, que « les religions devraient se concentrer sur ce qu'elles ont en commun pour écrire une charte commune servant de guide à tous : paix, amour, refus de la violence, voilà l'essentiel des messages célestes ». Ils proclament que nul ne peut se dire dans l'ombre de Dieu pour imposer ses choix aux autres car Dieu, lumière, n'a pas d'ombre.
Le pape François était là, lui aussi. Andréa Riccardi, fondateur de Sant'Egidio, lui a dit ce qu'était l'objet de la rencontre : « Délégitimiser un grand fléau : le terrorisme. » Et le pape de répondre : « Nous ne pouvons pas laisser le terrorisme prendre en otage le coeur de quelques violents pour provoquer la souffrance et la mort d'un grand nombre. Il ne peut y avoir aucune justification religieuse à la violence. » Et il concluait : « La paix est la responsabilité de tous. »
L'image des leaders religieux ensemble et en paix se voulait une réponse à ceux qui sèment la haine, la division et affirment que les religions sont vouées à l'affrontement. La paix est donc possible. Elle avait à Rome une grande dimension spirituelle.